Déclaration du Global Panel sur le changement climatique, les systèmes alimentaires et l'alimentation

En octobre 2015, le Global Panel a publié un brief sur des systèmes alimentaires adaptés au climat pour une meilleure nutrition. En novembre, le Global Panel s’est réuni à Accra au Ghana afin de permettre une consultation directe avec de nombreux partenaires. Le Panel s’engage à des recommandations basées sur les faits qui proviennent d’innovations du monde réel.
Les faits montrent que des conditions climatiques changeantes auront des impacts d’envergure sur la production agricole et la qualité de la nourriture et de l’alimentation disponibles à des milliards de personnes. Le Global Panel remarque qu’une attention insuffisante est portée aux investissements qui permettront de faire en sorte que l’agriculture soit plus adaptée et résistante aux changements du climat, pour l’amélioration de la productivité agricole et de la nutrition, et une réduction des émissions. La convention de la COP21 représente une opportunité importante d’améliorer l’agriculture, la nourriture et l’alimentation du futur.
La Déclaration
- Du 30 novembre au 12 décembre, des négociateurs sur le climat venant du monde entier se rencontreront à Paris afin de finaliser un agrément ayant pour but de maintenir l’augmentation moyenne des températures mondiales en deçà de 2 degrés Celsius et de trouver une façon d’accélérer le soutien de l’adaptation des plus démunis dans le monde. Le Global Panel on Agriculture and Food Systems for Nutrition est inquiet que, par le passé, l’agriculture n’ait pas été traitée avec la priorité qu’elle mérite. Parvenir à des résultats alimentaires grâce à une agriculture efficace en ce qui concerne le climat sera essentiel pour progresser vers la mise en place d’Objectifs de Développement Durable (Sustainable Development Goals, ou SDG).
- On s’attend à ce que les changements climatiques mènent à une réduction de la production agricole au niveau mondial de 2 % par décennie d’ici à 2050. On s’attend à ce que la demande de nourriture augmente de manière substantielle au cours de la même période. Nous dépendons tous d’une nourriture nutritionnelle produite par des millions d’agriculteurs, pour notre santé et pour notre bien-être. Cela sera encore le cas, malgré les sécheresses, malgré les conditions climatiques extrêmes, et malgré les changements de température associés au défi que représente le changement climatique pour la résilience du secteur agricole.
- Une bonne alimentation est un but universel qui réside au cœur des actions tenant à résoudre à la fois les problèmes de sous-nutrition et les maladies chroniques liées à l’alimentation. Ces défis nutritionnels complexes représentent une charge énorme pour le développement social et économique. Les pays dont l’agriculture est susceptible d’être touchée le plus fortement par le changement climatique sont les pays qui ont déjà les plus gros problèmes en termes de sous-nutrition. Un grand nombre de ces pays se trouve en Afrique; les effets du changement climatique sont donc susceptibles d’avoir une répercussion significative sur ce continent.
- Il est également impératif d’agir afin de réduire la contribution de l’agriculture aux émissions de gaz à effet de serre (GES). Le Panel invite les pays à déposer leurs décisions prises à l’échelle nationale (Intended Nationally Determined Contributions, ou INDC).
- Les parties ont des actions d’adaptation de référence dans tous les domaines concernés. Dans ces INDC, on remarque que les domaines prioritaires sont l’eau, l’agriculture et la santé[1]. Parmi les 156 parties à avoir déjà remis leurs INDC, seulement 24 se réfèrent à l’alimentation, et un nombre moins important encore remarque le lien de complémentarité des politiques en matière d’alimentation et des actions prises par rapport au climat[2]. Des solutions gagnant-gagnant sont nécessaires afin de réagir simultanément au changement climatique, à l’agriculture, et aux buts en matière de sécurité alimentaire: les solutions concernant l’un de ces domaines doivent également bénéficier aux autres domaines.
Afin de parvenir à ces objectifs, le Global Panel on Agriculture and Food Systems for Nutrition fait les recommandations suivantes concernant les politiques:
- Inclure des buts de qualité alimentaire aux cibles d’adaptation proposées pour l’action climatique.
- Diversifier les investissements agricoles en prenant compte des réalités locales de durabilité écologique et de l’avantage comparatif.
- Soutenir une meilleure efficacité des systèmes alimentaires pour que la production par unités d’eau, d’énergie, de terres et autres ressources soit optimisée et pour que l’empreinte de l’agriculture et d’autres activités non agricoles soit gérée plus efficacement afin de permettre de répondre à la demande alimentaire et de satisfaire des exigences de qualité élevée.
- Intégrer des mesures pour améliorer la résistance au changement climatique et la valeur nutritionnelle des cultures et des produits issus du bétail le long de la chaîne alimentaire, de la production au marketing.
- Protéger la qualité du régime alimentaire des plus pauvres face aux chocs de demande et à l’augmentation des demandes alimentaires grâce, par exemple, à la protection sociale.
- Présenter la génération et l’utilisation de preuves rigoureuses sur des investissements appropriés sur des chaînes de valeur alimentaires, qui soient résistantes au changement climatique, qui offrent de bons résultats alimentaires et qui aident à l’amélioration de l’alimentation.
La COP21 représente pour le Global Panel l’opportunité de parler des politiques nécessaires afin de parvenir à la sécurité alimentaire et nutritionnelle face aux changements climatiques.
Nous le ferons lors de notre évènement parallèle: Climate-Smart Food Systems for Enhanced Nutrition, des systèmes alimentaires adaptés au climat pour une meilleure nutrition, qui se tiendra le samedi 5 décembre à 10h00 au Pavillon Africain.